Histoire de Velesmes-Essarts
Le nom de "Velesmes" d'après certains spécialistes
est d'origine gauloise, de "velo" (bon). Le village a donc
probablement été créé par des paysans gaulois avant la
conquête romaine (58-52 avant notre ère). Les traces
certaines de l'existence du village remonte à 1189. Il
s'appelait "Vilema" puis, en 1385, "Velime" ou "Veleime".
En 1225 le village qui appartenait au seigneur de
Grandfontaine est vendu aux comtes de Bourgogne. Plus tard
le village s'intégre à la seigneurie de Torpes.
Velesmes est un village d'agriculteurs et de défricheurs qui
ne possède rien. Il est constitué uniquement par des
bâtiments nécessaires aux exploitants agricoles. Velesmes ne
possède aucuns édifice (Ex: château, église, ...)
En 1922, Velesmes devient Velesmes-Essarts.
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Essarts: Lieu essartés - Essarter: Arracher et brûler les
broussailles après déboisement, brûlis de broussailles qui
permet la culture temporaire. Larrousse
Encore un peu d'histoire... Les Essarts >>
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Le territoire de Velesmes appartenait vers 1200 Ã la
seigneurie de Montferrand, dont la création était alors
toute récente. Un partage intervenu vers 1250 dans la
famille seigneuriale, entraîna la formation d'une nouvelle
seigneurie, celle de Thoraise, dont Velesmes fit partie.
Eudes de Thoraise, mort en 1333, cinquième chef de la
dynastie, fit à son tour une répartition entre ses enfants.
L'un d'entre eux ayant reçu Torpes,ainsi que d'autres terres
parmi lesquelles celles de Velesmes, devint le premier sire
de Torpes (vassal du sire de Thoraise son frère). A partir
de 1330 environ, et jusqu'à la révolution, l'histoire de
Velesmes ne se distingue guère de celle de Torpes,
On a une idée de l'importance du village d'autrefois, grâce
à un dénombrement de l'année 1390. II comprenait alors 18
meix se composant d'une chaumière avec son jardin, son
verger et une étendue de terre plus ou moins importante. Un
four appartenant au seigneur est également mentionné.
Velesmes n'était donc pas un hameau négligeable, au XIVeme
siècle déjà .
Louis Borne, qui semble avoir dépouillé toutes les archives
conservées de la seigneuries de Torpes, nous donne
quelques détails sur l'origine du hameau dénommé: on ne sait
pourquoi, Les Essarts Martin. Pourquoi Martin ? Un premier
essartage avait eu lieu en 1524, avant même que
l'autorisation eût été accordée; puis celle-ci tardant Ã
venir, par suite du décès du seigneur, la forêt repoussa sur
le terrain déjà nettoyé et partiellement mis en culture. Les
deux entrepreneurs se nommaient Jacques Laurent et Pierre
Gouvernaud, de Dannemarie. Une seconde entreprise eut lieu
en 1609. L'autorisation fut donnée à Étienne Garnache,
natif de Morteau, demeurant à Bénusse, en même temps qu'Ã
Pierre Couraud, Ã condition qu'ils construisent chacun une
maison et y résident effectivement. Ils devaient en retour
donner chaque année au seigneur du froment, de l'avoine,
une poule et 4 francs.
En 1567, pour grossir la dot de sa fille , le seigneur de
Torpes imposa à Velesmes une contribution globale de 30 écus
d'or. A titre de comparaison, indiquons que pour le village
de Torpes, la répartition entre les habitants avait été
imposée par le seigneur. A coté d'une minime quote-part de
12 gros (un franc), on en remarque une autre qui se monte Ã
40 écus d'or.
Familles existantes en 1750:
Biby, Bourquin, Brezet, Charton, Chay, Chevassu, Clerc,
Conraud, Cuinet, Damelet, de Lune, Doubey, du Matterat,
Fleuriot, Fouffroy, Lambelin, Landry, Mairey, Morel, Robin,
Romanet, Vialle.
La croix des
Américains
Usée par le temps la croix s'élève dans un petit coin de
verdure au croisement de la grande rue et de la rue du
dessus des vignes. A ce jour, personne n'a pu dater cette
croix. Par contre, les anciens de notre village l'appelait
"La croix des Américains" En effet à la libération de la seconde guerre mondiale. Un Américain à été tué à proximité de celle-ci. |
Par respect et reconnaissance, les habitants ont posé son
casque sur la croix et y emmenèrent des fleurs
régulièrement.
Une petite cérémonie commémorait son souvenir le 8 Mai de
chaque années.
Cahier de doléances de Velesmes
(21 mars 1789)I.Préambule
« Aujourd’hui, ce vingt et un mars mil sept cent quatre vingt neuf, au village de Velesmes, en l’assemblée convoquée en la manière accoutumée en la maison de Claude Antoine Fleuriot, pour manque de maison commune, sont comparus par devant Ferdinand François Florent Tisserand, Notaire royal domicilié à Torpes, les habitants du dit Velesmes, par le fait de Claude Antoine Fleuriot, Echevin en exercice, François Biby, Jean Bourquin, Claude Courau, Nicolas Guillemin, Jean-Pierre Salin, Léonard Drillet, Etienne Doubey, Claude Doubey, Claude Charton, Nicolas Couraud, Joseph Mairey, Pierre Etienne Couraud, Sébastien Couraud, Antoine Dufourg, Jean-Baptiste Dunand, François Dumatra et Jean-Baptiste Morel, tous nées français, âgés de vingt cinq ans, compris dans les rôles des impositions, habitants de la dite communauté composée de quarante feux ; lesquels pour obéir aux ordres de sa majesté portés par les lettres données à Versailles le vingt quatre janvier dernier pour la convocation et tenue des Etats Généraux de ce Royaume, et satisfaire aux dispositions des règlements y annexés ainsi qu’a l’ordre Mr le Lieutenant Général à Quingey, dont il nous ont déclaré avoir eu parfaite connaissance tant par la lecture qui vient de leur en être faite, que par la lecture et publication ci devant faites au prône de la messe de paroisse par Mr le curé le quinze du présent mois, et par la lecture, publication et affiche, pareillement faites le même jour à l’issue de la dite messe de paroisse au devant de la porte principale de l’église, nous ont déclaré qu’ils allaient d’abord s’occuper de la rédaction de leur cahier de doléances, plainte et remontrances et, en effet, y ayant vaqué, ils nous ont représenté le dit cahier qui a été signé par ceux des dits habitants qui savaient signer, et par nous, après l’avoir coté par première et dernière page et paraphés ne varietur au bas d’ycelle, et de suite les dits habitants, après avoir mûrement délibéré sur le choix des députés qu’ils sont tenus de nommer en conformité des dites lettre du Roy et règlements y annexés, et les voix ayant été par nous recueillies en la manière accoutumée, la pluralité des suffrages s’est réunie en faveur du Sieur Ferdinand François Florent Tisserand, Notaire à Torpes, possédant bien au dit Velesmes, et d’Antoine Dufourg, laboureur au dit lieu, qui ont accepté la dite commission et promis de s’en acquitter fidèlement ; la dite nomination des députés ainsi faite, les habitants ont en notre présence remis aux dits sieurs Tisserand et Dufourg, leurs députés, le Cahier afin de la porter à l’assemblée qui se tiendra le vingt trois mars courant devant Mr Lieutenant Général à Quingey, et leur ont donné tous pouvoirs requis et nécessaires à l’effet de les représenter à la dite assemblée pour toutes les opérations prescrites par l’ordre susdit de Mr le Lieutenant Général, comme aussi de donner pouvoirs généraux et suffisants de proposer, remontrer, aviser et consentir tout ce qui peut concerner les besoins de l’Etat, la réforme des abus, l’établissement d’un ordre fixe et durable dans toutes les parties de l’administration, la prospérité générale du royaume et le bien de tous et chacun des sujets de sa majesté ; et de leur part, les dits députés se sont présentement chargés du Cahier de Doléances de la dite communauté, et sont présentement chargés du dite assemblée et de se conformer à tout ce qui est présenté et ordonné par les dites lettres du Roy, règlements y annexés et ordonnances suscitées ; desquels nominations de députés, remise de cahier, pouvoir et déclaration, nous avons à tous les susdits comparants donné acte, et avons signé avec ceux des dits habitants, qui savent signer, et avec les dits députés, notre présent procès verbal ainsi que le duplicata que nous avons présentement remis aux dits députés pour constater leurs pouvoirs, et le présent sera déposé aux archives de cette communauté les dits jours et ans.
Suivant les signatures de François Biby, Claude Antoine Fleuriot, Jean Bourquin, Claude Couraud, Nicolas Guillemin, Jean-Pierre Salin, Léonard Drillet, Etienne Doubey, Claude Doubey, Claude Charton, Nicolas Couraud, Joseph Mairey, Pierre Etienne Couraud, Séastien Couraud, Jean-Baptiste Dunand, Antoine Dufourg et de Ferdinand François Florent Tisserand.
II. Cahier de doléances
Aujourd’hui, ce vingt et un mars mil sept cent quatre vingt neuf, au lieu de Velesmes, en la maison de Claude Antoine Fleuriot, à l’assemblée de la communauté du dit lieu, nous habitants du dit Velesmes, comparant par le fait de Claude Antoine Fleuriot, Echevin en exercice, François Biby, Jean Bourquin, Claude Couraud, Nicolas Guillemin, Jean-Pierre Salin, Léonard Drillet, Etienne Doubey, Claude Doubey, Claude Charton, Nicolas Couraud, Joseph Mairey, Pierre Etienne Couraud, Sébastien Couraud, Antoine Dufourg, Jean-Baptiste Dunand, François Dumatra, et Jean-Baptiste Morel, tous nés français, âgés de vingt cinq ans, compris dans les rôles des impositions ;
Désirant obéir et nous conformer aux ordres de sa majesté portés par les lettres données à Versailles, le vingt quatre janvier dernier, pour la convocation et tenue des Etats Généraux de ce Royaume, avons procédé à la rédaction du Cahier de nos plaintes, remontrance et doléances en la manière ci après.
Article 1er
Nous demandons l’abolition de tous privilèges réels et personnels, féodaux et ecclésiastiques, en matière d’impôts et charges locales, de manière que tous les sujets de sa charges locales, de manière que tous les sujets de sa majesté, de quelles qualités ou conditions ils puissent être, soient imposés à l’avenir proportionnellement à leurs biens et facultés.
Article 2e
Qu’il ne soit fait qu’un seul rôle pour tous impôts.
Article 3e
Qu’il soit accordé au Tiers Etat égalité de nombre et de suffrages sur les deux autres ordres réunis dans les Etats Généraux et provinciaux.
Articles 4e
Que la main morte personnel soit abrogée dans tout le royaume.
Article 5e
Que la main morte réelle soit pareillement abrogé moyennent l’indemnité qu’il plaira à sa majesté fixer.
Article 6e
Que le casuel (revenu fortuit opposé au revenu fixe) des curés soit entièrement supprimé.
Article 7e
Que tous les bénéfices simples qui n’exigent ni service personnel ni résidence servent à compléter la portion congrue des curés.
Article 8e
Que les gardes des seigneurs ne puissent faire aucun rapport dans les bois des communautés, ni dans leurs finages, ce qui n’est qu’abusif et vexatoire attendu que les communautés ont des gardes forestiers qui répondent des délits faits dans leurs bois et des gardes-fruits qui répondent des mésus (terme de jurisprudence : « mauvais usage ») dans leurs terres.
Article 9e
Que tous rapports faits par les gardes des seigneurs dans leurs bois, ou pour fait de chasse et pêche, ne puissent faire foi en justice s’ils ne sont au nombre de ceux ou qu’il y ait un voyant digne de foi.
Article 10e
Que toutes espèces de banalités soient abolies pour toujours.
Article 11e
Que toutes corvées seigneuriales, comme ne devant leurs origines pour la plupart qu’à la vilence d’une part, et à la crainte et l’ignorance de l’autre, soient supprimées pour toujours.
Article 12e
Que ceux qui sont en droit d’avoir des colombiers tiennent fermés leurs pigeons lors des semailles et de la moisson.
Article 13e
Nous déclarons que dans la plupart des villages de cette province les vexations faites par les gardes des seigneurs, certains de leurs fermiers, les droits de retenue et de dissentiement sont la ruine des campagnes, et plus onéreux que les impositions royales mêmes.
Article 14e
Nous déclarons que notre communauté dépend d’une paroisse composée de six villages, que nous sommes les seuls qui payons aux abbés de Baume une dîme d’une gerbe et demie par journal de grains dont nos terres sont emplantées (le journal est une ancienne unité de mesure agraire, correspondant à l’étendue pouvant être labourée en un jour : il représentait, selon les régions et la difficulté de travail de la terre, d’un quart à un tiers d’hectare environ) ; que nous croyons que Mrs les abbés n’y sont fondés par aucuns titres que par la dévotion de nos ancêtres, d’autant mieux que nous sommes les seuls de la paroisse qui payons en cette conformité.
Article 15e
Nous déclarons tous adhérer aux remontrance et doléances ci dessus, protestant que nous sommes prêts à sacrifier nos fortunes et nos vies en reconnaissance des bontés du Roy, et pour le maintien de la couronne de France sur sa tête et de son auguste postérité, pour appuyer ses vues de bienfaisance et ne pas permettre que les ennemis de son repos et de bonheur de son peuple fassent valoir leurs ambitieuses prétentions, qui tendent à la ruine des fidèles sujets de sa majesté et à dénaturer sa couronne.
Ceux de nous sachant écrire ont signé au dit lieu, les dits jours et ans.
Suivent les signatures de François Biby, Claude Antoine Fleuriot, Jean Drillet, Etienne Doubey, Claude Doubey, Claude Charton, Nicolas Couraud, Joseph Mairey, Pierre Etienne Couraud, Sébastien Couraud, Antoine Dufourg, Jean-Baptiste Dunand et de Ferdinand François Florent Tisserand.
Retranscrit par François Favory, Maître de Conférence d’Histoire
à l’Université de Franche-Comté.